De mémoire d’amateur de fromage finlandais, on n’avait jamais vu cela : en quelques heures, à la mi-août, les grandes surfaces du pays ont vendu 100 000 fromages de la marque Valio, soit autant que ce qu’elles écoulent en un mois. Il faut dire que le prix était alléchant : 3,69 euros le kilo au lieu des 6,99 euros habituels. Critiquée par ses concurrents, la société Valio assure ne pas avoir eu le choix : l’alternative aurait été de détruire toute la marchandise, destinée initialement au marché russe, mais tombée sous le coup de l’embargo décrété par Moscou en représailles des sanctions européennes.
Sur les forums, les internautes s'en donnent à cœur joie, constatant que les «fromages Poutine», aux étiquettes en cyrillique, ont plus de goût que les mêmes vendus en Finlande. Au siège du laitier Valio, cependant, on fait grise mine : la part de la compagnie laitière dans les exportations de la Finlande concernées par l'embargo russe atteint 85%, soit 242 millions d'euros. Le marché russe «a généré l'an dernier 20% des ventes nettes» de l'entreprise, selon sa porte-parole, Pia Kontunen, qui précise que plusieurs centaines d'emplois sont en jeu.
Outre les conséquences directes de l'embargo sur les exportations finlandaises, Helsinki s'inquiète de l'impact des sanctions européennes sur l'économie russe. Car la Finlande est «le deuxième pays le plus dépendant du commerce avec la Russie, après la Lituanie», rappelle le ministre de l'Industrie, Jan Vapaavuor