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interview

Nicolas Véron : «L’union bancaire éloigne les risques de crise budgétaire»

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L’économiste Nicolas Véron pointe un soutien démesuré aux banques lors de la crise de 2008 au détriment des Etats. Une situation corrigée.
(Photo Philippe Huguen. AFP)
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 25 septembre 2014 à 19h36

La crise de la zone euro a été une crise bancaire mal traitée plutôt qu'un problème de dette publique. C'est la thèse de Nicolas Véron, chercheur au Peterson Institute de Washington et au centre d'analyse Bruegel de Bruxelles. Il publie l'Union bancaire, un succès européen (éd. En temps réel).

Pourquoi affirmez-vous que la crise de la zone euro a été avant tout une crise bancaire ?

En octobre 2008, au lendemain de la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, les Etats de la zone euro annoncent qu'ils garantissent leurs banques en toutes circonstances et sans limite de durée. Autrement dit, toutes les banques sont «too big to fail» (trop grandes pour faire faillite). Les créanciers bancaires seront remboursés par les contribuables nationaux. C'est la généralisation de ce que le jargon financier appelle le «bail out» (renflouement public), par opposition au «bail in» (renflouement interne) qui aurait consisté à faire payer d'abord les actionnaires et les créanciers. Puis, en octobre 2010, les Européens assurent que les dettes souveraines ne seront pas garanties. Les défauts souverains deviennent alors possibles, comme avec la Grèce en mars 2012 : on applique le «bail in» aux obligations d'Etat. C'est la combinaison de ces deux facteurs, garantie des créanciers bancaires, non garantie de créanciers souverains, qui a été déstabilisatrice.

Pourquoi ?

Les Etats qui garantissaient les créanciers des banques de leur juridiction ont pris sur leurs épaules un engagement financier phénoménal qui n’était pas lui-même mutuellement gar