I
ls avaient un rêve : être pilote de ligne. Et il s'est fracassé sur l'arrêt des recrutements d'Air France depuis 2009, l'atonie des petites compagnies hexagonales et les nouvelles règles du jeu imposées par les low-cost. S'exiler pour voler ? C'est le choix d'Aurélien Bidot, 26 ans. Nous l'avons joint entre deux largages de parachutistes au nord de Brisbane, en Australie. Un job dégoté en attendant mieux. Il a pourtant suivi la voie royale : l'Enac, l'Ecole nationale de l'aviation civile. Une formation hypersélective. Et gratuite. A sa sortie, en 2013, il choisit l'Australie, «pour ses opportunités». Commence cuistot, «pour faire bouillir la marmite» et se payer la formation afin de décrocher l'indispensable licence australienne. Puis il s'est mis en chasse : «J'ai fait le tour de l'Australie pour déposer mon CV.»
Et décrocher quelques heures sur des coucous à faire des vols touristiques. Aujourd'hui, le largage de parachutistes ne lui assure que cinq à six heures de vol par semaine, payée 60 dollars (41 euros) l'heure de vol. Il vise plus haut : faire du charter au cœur du continent pour relier les communautés aborigènes. Mais il n'a pas abandonné son rêve caressé à l'entrée de l'Enac : «Faire le tour du monde aux commandes d'un gros porteur.»
Antipodes. Ses camarades de promo ne sont pas mieux lotis. Et ils s'estiment heureux quand ils volent en tirant des planeurs. Un de ses copains a rallié Easyjet.