Hafida est caissière au Carrefour de Villeurbanne (Rhône). Elle prend un long congé parental. A son retour, elle se présente avec un voile qui lui couvre la tête. On lui remet alors une copie de son contrat de travail, qui dispose : «L'ensemble des salariés en contact avec la clientèle ne peut pas porter de signes manifestement ostentatoires à caractère politique, syndical ou religieux.» Hafida persiste, elle garde son voile, «estimant que le port du foulard n'est pas ostentatoire», comme le dit son avocate, Raouda Hathroubi. «Il n'y avait aucun acte prosélyte et sa sécurité au travail n'était pas mise en cause», estime-t-elle. Malgré tout, l'employeur entame une procédure disciplinaire de licenciement pour faute réelle et sérieuse. Dans la foulée, Carrefour lui refuse l'accès à son poste de travail. Puis la licencie.
Hafida se tourne vers Agir en région pour construire un avenir sans discrimination (Arcad), une association villeurbannaise. Elle y trouve une certaine aide, puis contacte une avocate. Le 18 septembre, le conseil des prud'hommes de Lyon condamne Carrefour pour l'avoir licenciée «sans cause réelle». Son ex-employeur devra lui verser 10 000 euros de dommages et intérêts. Pour Me Hathroubi, le principe de «neutralité absolue», édicté dans le règlement intérieur se heurte à celui de la liberté religieuse garantie par la Constitution française et la convention européenne des droits de l'homme. «Ma cliente pense que travailler