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Libération
Récit

Paris refuse de doper son PIB à coup de stup

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L’UE impose désormais d’inclure les revenus des drogues et de la prostitution dans le calcul du produit intérieur brut. La France rechigne.
Des paquets de cocaïne à destination de l'Espagne et de la Belgique, saisis en août au Pérou. (Photo Reuters)
publié le 2 octobre 2014 à 19h36

Vous voulez booster votre produit intérieur brut (PIB) ? Facile : il suffit d’y intégrer les gains du trafic de drogues et de la prostitution. Ce n’est pas une entourloupe : et de toute façon, de nouvelles normes européennes l’imposent. La Grande-Bretagne a ainsi annoncé, le 30 septembre, 11 milliards de livres (14 milliards d’euros) de revenu liés aux drogues et à la prostitution, en moyenne annuelle de 1997 à 2013. Pour l’Espagne, ce chiffre atteint 9,4 milliards d’euros en 2010 : la prostitution a compté pour 0,35% du PIB et les drogues pour 0,5%.

Ces taux ne signifient pas un regain de croissance, juste un changement de système comptable, mais ils améliorent le déficit et la dette et reflètent une réalité : cet argent fait partie de l'économie. Les dealers et les macs achètent de grosses bagnoles, investissent dans l'immobilier, les commerces, etc. Pour Eurostat, l'institut européen des statistiques, le rôle du PIB est de «mesurer toute l'activité économique, qu'elle soit déclarée ou pas». L'inclusion des activités illégales «est requise depuis 1993 par les standards internationaux». En Europe, de nouvelles règles méthodologiques ont été mises au point afin de mesurer ces activités (production et trafic de drogues, prostitution, contrebande d'alcool et de tabac), et les pays membres avaient jusqu'au 22 septembre pour s'y conformer.

Mais il y a un vilain petit canard. La France, qui rechigne, en se basant sur une des règles d'Eurostat : il faut que ces act