Friederike Röder est la directrice de l’ONG ONE France, qui publie ce lundi le rapport Data 2014 sur la nécessité de financer l’aide publique au développement (APD), notamment de l’Afrique.
La France va encore baisser son aide au développement. Entre 2012 et 2017, sa mission serait amputée de 19,34%…
C’est extrêmement inquiétant et déroutant. L’aide a commencé à baisser dès 2011. Or, on nous serine chaque année, depuis, que la baisse est purement conjoncturelle, alors qu’elle s’avère structurelle. Cette mission APD (3 milliards d’euros sur 8,5 milliards d’aides au total) est pourtant le cœur de l’aide aux pays les plus pauvres, car elle n’intègre pas des coûts qui ne devraient pas être comptabilisés dans l’APD plus large, comme l’accueil des étudiants étrangers ou la prise en charge des réfugiés.
Est-ce un renoncement de la France de François Hollande qui, en mars 2013, avait dit que, «compte tenu de son rang, de sa place, de son histoire, de ses valeurs»,il voulait conserver une politique ambitieuse d’aide au Sud ?
C’est un renoncement clair. C’est écrit noir sur blanc dans le projet de loi de finances 2015. D’autant que cette chute vertigineuse se fait en dépit de l’intégration de deux prélèvements que Paris avait promis comme additionnels à l’APD «traditionnelle». La taxe sur les billets d’avion, qui rapportera autour de 208 millions d’euros, et la part de la taxe sur les transactions financières reversée au développement, de 175 millions d’euros. Sans ces deux taxes, la chute de de l’aide serait de... -26,85%.
Le Royaume-Uni a sanctuarisé son aide, puis l’a poussée cette année à 0,72% de son revenu national brut (RNB)…
La crise est un bon alibi. La mission APD, c’est pour la France moins de 1% du budget, 0,41% de son RNB. Sans les annulations de dettes, elle n’est qu’à 0,38%. En 2007, le Royaume-Uni allouait 0,36% de son RNB. Il l’a quasi multiplié par deux depuis !
Si Londres booste son aide, c’est aussi grâce à la mobilisation de sa société civile ?
Pas uniquement. Car les Britanniques ont toujou