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Enquête

«L’opération Velo» de Chypre à Singapour

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Libération a pu retracer le parcours tortueux des fonds de l’émirat. Il mène à trois bénéficiaires masqués, dont un proche de l’ancien numéro 2 de Qatari Diar.
par Yann Philippin et Michel Picard, (à Chypre)
publié le 6 octobre 2014 à 19h06

Les initiés l'appellent l'«opération Velo». Velo, c'est la société luxembourgeoise utilisée par le fonds souverain Qatari Diar pour acquérir, le 16 avril 2010, 5% de Veolia pour 624 millions d'euros. Ce montage, partiellement révélé à l'époque par la Lettre A, a également été utilisé pour verser une commission occulte de 182 millions.

Tout commence en septembre 2009. Henri Proglio, PDG de Veolia, vient d'être choisi par le président Sarkozy pour diriger EDF, tout en conservant la présidence non exécutive de son ancienne maison. Avec une idée : rapprocher les deux groupes. Au même moment, les recherches s'accélèrent pour stabiliser le capital de Veolia, très éclaté depuis le retrait de Vivendi. «Proglio avait absolument besoin de créer un bloc d'actionnaires fiables qui soutiennent son projet de rapprochement avec l'électricien», raconte un connaisseur du dossier. Le Qatar, qui cherche à investir dans des poids lourds français des infrastructures, est intéressé.

En amont, tout s'est fait entre amis. C'est l'entrepreneur Yazid Sabeg (1), très proche de Proglio et des Qataris, qui a organisé la première rencontre entre le président de Veolia et les représentants de Qatari Diar. «De façon amicale, sans objectif particulier, mandat ou autre contrat», précise Sabeg. Un autre ami de Proglio est dans la boucle : François Roussely. Cet ancien patron d'EDF, devenu vice-président Europe du Crédit suisse, conseille régulièrement les Qataris, qui détienn