Le torpillage de l'écotaxe («suspension sine die») par Ségolène Royal, jeudi, n'est pas une grande surprise. «Elle voulait lui faire la peau depuis le début», soupire un connaisseur du dossier. A peine nommée à la tête du ministère de l'Ecologie et de l'Energie, début avril, Royal avait attaqué le dispositif, et souhaité sa «remise à plat», le qualifiant d'«impôt» et parlant d'«écologie punitive». Un contresens, la mesure consistant avant tout à appliquer deux principes simples. Celui du pollueur-payeur : le fret routier devait enfin assumer ses nuisances (émissions de CO2, pollution de l'air, de l'eau, des sols, bruit, congestion), jusque-là à la charge de la collectivité. Et celui de l'utilisateur-payeur : les routiers devaient s'acquitter d'un droit d'usage, comme ce qui se passe pour le rail (l'idée étant de faire payer au transporteur le coût d'usage de la route, et non au contribuable).
«Le signal prix ainsi envoyé permettait ensuite de faire acte de pédagogie, afin que les acteurs économiques utilisent des camions moins polluants, optimisent leurs tournées, réduisent leurs charges, favorisent les circuits courts et la relocalisation des productions», rappelle le député PS Jean-Paul Chanteguet, président de la commission du développement durable de l'Assemblée. Un cercle vertueux enclenché chez nos voisins qui appliquent déjà des mesures similaires (Allemagne, Autriche, République tchèque, Slovaquie, Pologne…).
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