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Libération

Sécurité sociale : le principe d’égalité n’est pas justice

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publié le 13 octobre 2014 à 17h06

Certains regrettent que le débat sur la modulation des allocations familiales s’ouvre presque en catimini, à l’occasion de la préparation du budget de la Sécurité sociale. Si le gouvernement envisage d’écorner le principe égalitaire selon lequel les prestations sociales doivent être indépendantes des revenus ou de la richesse du bénéficiaire, ce ne serait pas pour des raisons de solidarité, de justice sociale, ou d’efficience, mais simplement pour boucler l’un des budgets les plus difficiles des dernières années.

Pourtant, et ce d’autant plus que le contexte est tendu, les décisions budgétaires imposent de faire des choix ; ces choix peuvent être audacieux et traduire une vraie volonté politique. Et la protection sociale, dans son intégralité, mérite une telle volonté. Comment penser que son organisation, dont l’architecture générale a été pensée à la sortie de la guerre, puisse encore être adaptée aux défis des sociétés contemporaines ? En 1945, la France était à l’aube de trois décennies de forte croissance et de plein-emploi. Certes, ce plein-emploi ne s’appliquait qu’aux hommes. Mais chaque homme travaillait, cotisait et bénéficiait donc des droits sociaux attachés à l’exercice d’un emploi ; la stabilité des familles permettait à la protection sociale de couvrir, à partir du chef de ménage, son épouse et leurs enfants, et irriguait ainsi l’ensemble de la population. Qui plus est, les emplois aussi étaient stables : si on changeait d’emploi, c’était presque toujours dans l