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Libération
Décryptage

Les autoroutes passent les bornes

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Depuis la privatisation du secteur, en 2006, l’Etat n’a plus aucun contrôle sur les sociétés concessionnaires.
publié le 14 octobre 2014 à 20h06

La privatisation des autoroutes par le gouvernement de Dominique de Villepin se révèle aujourd’hui un piège pour l’Etat et pour les usagers.

Des contrats de concession qui ficellent l’Etat

La Cour des Comptes avait alerté dès 2013 : depuis l'ouverture du capital des autoroutes, puis leur privatisation en 2006, un déséquilibre croissant s'est instauré entre l'Etat et les sociétés concessionnaires. L'institution de la rue Cambon avait pointé en particulier l'impuissance des pouvoirs publics à peser dans la négociation des contrats de concession et de ses avenants «face à des sociétés puissantes adossées à de grands groupes, de BTP [Vinci, Eiffage, Abertis ndlr]». D'où les grandes difficultés de l'Etat «à collecter des données et à exercer ses contrôles» sur le taux de marge ou le coût de construction au kilomètre. Son incapacité aussi à contenir «l'inflation des tarifs des péages, +4 % entre 2006 et 2011» . Puis l'Autorité de la concurrence avait pris le relais. Elle vient de rendre son avis. Et son président, Bruno Lasserre, de constater «l'affaiblissement de l'Etat dans sa dimension technique», etin fine «une régulation défaillante parce que ses services n'ont ni l'expertise ni les moyens nécessaires pour négocier d'égal à égal avec les sociétés concessionnaires». Leurs contrats sont même des boîtes noires parce que protégées par des clauses de confidentialité et assorties de pénalités qui les rendent difficilement renégociables. Gilles Savary, député PS de la Commission de développemen