Annoncée jeudi par l'exécutif, la modulation des allocations familiale en fonction des revenus a suscité de nombreuses réactions négatives. De la CGT aux associations familiales, en passant par l'UMP, une même valeur est invoquée pour contester la réforme : l'«universalité» de la politique familiale, qui serait ainsi mise en péril. Ce concept s'invite régulièrement dans les débats sur la protection sociale : en 2008, c'est un PS alors dans l'opposition qui avait accusé le gouvernement de François Fillon de piétiner cette même «universalité», s'agissant alors de la couverture des risques liés à la dépendance des personnes âgées. Mais que recouvre au juste cette notion, et est-elle effectivement remise en cause par la réforme des allocations familiales ?
On en trouve les prémisses dans deux textes fondateurs de la Sécurité sociale. Selon l'ordonnance du 4 octobre 1945, qui organise le nouveau système, «le but à atteindre est la réalisation d'un plan qui couvre l'ensemble de la population du pays contre l'ensemble des facteurs d'insécurité». Quant à la Déclaration universelle des Droits de l'Homme de 1948, elle stipule que «toute personne, en tant que membre de la société, a dro