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Portrait

Margerie, vie et crash d’un grand patron

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La mort de Christophe de Margeriedossier
La mort du PDG de Total dans la nuit de lundi à mardi prend au dépourvu le groupe pétrolier, où l’atypique homme d’affaires avait fait toute sa carrière.
Christophe de Margerie avec le président russe Vladimir Poutine et le patron du gazier Novatek, Leonid Mikhelson, en 2011. (Photo Ria Novosti. Alexey Druzkinin. AFP)
publié le 21 octobre 2014 à 19h46

L’ampleur de l’émotion suscitée dans le monde par la mort du numéro 1 de Total, Christophe de Margerie, à 63 ans dans le crash de son Falcon sur l’aéroport de Moscou, montre que l’homme était bien plus qu’un grand patron. Il était à la fois plus puissant qu’un chef d’Etat et incroyablement sympathique. C’est cette double caractéristique qui fait de sa disparition - dont les conditions sont dignes d’un roman d’espionnage - un coup de théâtre sur la scène politico-économique hexagonale, européenne et même mondiale, tant le groupe pétrolier, première entreprise française par les bénéfices, brassait d’intérêts sur la planète.

Moustaches. «Atypique», c'est le qualificatif qui revient le plus dans les commentaires sur le personnage. De fait, qu'on l'apprécie ou pas, l'homme ne ressemblait à aucun autre. Même s'il était issu d'une famille illustre et fortunée, les héritiers des champagnes Taittinger, il avait démarré par la base, gravissant un à un tous les échelons de Total, où il était entré comme stagiaire en 1974 - il y a quarante ans tout juste - avec un «simple» diplôme de Sup de co Paris en poche (et non de Polytechnique, de l'ENA ou de HEC comme il est d'usage pour un patron du CAC 40). Il gardait de ce parcours un étrange mélange de complexes d'infériorité et de supériorité. C'est justement parce qu'il était parvenu à prouver que la valeur d'un diplôme ne fait pas forcément un bon patron qu'il se sentait très à l'aise avec ces