Exportations, production, commandes industrielles, depuis plusieurs mois, tous les indicateurs économiques allemands virent au rouge. Mais comment est-ce possible pour le champion mondial de la compétitivité et de la rigueur budgétaire ? Comment cela peut-il arriver dans un pays qui a mis en place dès 2002, ces fameuses réformes «structurelles», cocktail constitué de modération salariale, de hausse de la TVA, de réduction des investissements et des dépenses publiques. C’est à ne plus rien comprendre, d’autant qu’en y regardant de plus près, on s’aperçoit que la performance allemande n’est guère brillante depuis la crise. Le PIB n’a progressé que de 0,6% par an contre 1% aux Etats-Unis depuis 2007. En réalité, ces résultats ne sont pas une surprise quand on comprend les ressorts de la réussite allemande avant 2007. Leur stratégie a consisté à comprimer la demande interne et à réduire les coûts de production. En contrepartie, les gains de compétitivité produits par cette politique ont permis l’émergence d’un énorme surplus de compte courant vis-à-vis de l’étranger, qui a compensé la diminution de la demande interne. L’accélération de la croissance allemande entre 2004 et 2007 n’aurait pas été possible sans ces surplus à l’exportation.
Mais un excédent de compte courant a nécessairement comme contrepartie une accumulation de créances sur l’étranger, puisque l’étranger doit s’endetter pour financer son déficit avec l’Allemagne. Cette situation ne peut pas durer indéfiniment car,