Menu
Libération
Analyse

Budgets : les Etats se retournent contre Bruxelles

Article réservé aux abonnés
Les pays en infraction par rapport aux règles européennes remettent en cause le principe de contrôle de la Commission. Un système qu’ils ont pourtant contribué à mettre en place.
De gauche à droite : David Cameron, François Hollande, et Herman Van Rompuy, vendredi à Bruxelles. (Photo John Thys. AFP)
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 24 octobre 2014 à 20h06

La France, mais aussi l'Italie, l'Autriche, la Slovénie et Malte expérimentent les nouveaux pouvoirs accordés à la Commission en matière de politique et budgétaire. Celle-ci leur demande de faire des efforts supplémentaires pour que leur projet de budget 2015 respecte leurs engagements européens. Et cela passe mal. Très mal, comme le montre la partie de bras de fer engagée entre les capitales européennes fautives et l'exécutif communautaire. Ce dernier menace d'émettre mercredi 29 octobre un avis négatif sur plusieurs projets de budget, première étape menant aux sanctions financières (0,1% du PIB, soit 2 milliards dans le cas de la France). Ainsi, Matteo Renzi, le Premier ministre italien, a annoncé, au cours du Conseil européen qui s'est achevé vendredi à Bruxelles, qu'il entendait «ouvrir un débat sur qui décide quoi». Le gouvernement français est sur la même longueur d'onde. Encore une fois, les Etats montrent qu'ils aiment l'Europe, mais pas ses contraintes. Paris et Rome n'imaginaient pas que Bruxelles oserait leur demander de revoir leur budget lorsqu'elles le lui ont transmis, le 15 octobre. Après tout, ces deux pays sont de grands Etats (50% du PIB de la zone euro) au cœur de la construction communautaire.

C’était oublier un peu vite que leurs seize partenaires de la zone euro estiment qu’il ne peut y avoir de traitement différencié selon que l’on soit grand ou petit, surtout lorsque plusieurs d’entre eux ont mené sous la contrainte des politiques d’austérité