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Libération

Le petit jeu de dupes de Paris et Bruxelles

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Budget. La France et la Commission sont parvenues à un accord couru d’avance. Berlin se retrouve isolé.
La Commission européenne à Bruxelles. (Photo Siska Gremmelprez. AFP)
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 29 octobre 2014 à 20h16

Dans le film Inception, sorti en 2010, la réalité se dérobe sans cesse, le vrai n'étant jamais là où on le croit. C'est exactement la même chose en matière de gouvernance économique européenne, comme le montre l'issue du bras de fer engagé entre le gouvernement français et la Commission sur le projet de budget 2015. La réalité paraît, de prime abord, simple : «Bruxelles» a obligé la France à consentir, au terme d'un suspens haletant, un effort supplémentaire de 3,6 milliards d'euros, ce qu'elle excluait jusque-là. Mais, à un second niveau, il apparaît que Paris a joué avec les chiffres, ce qui laisse penser que la Commission s'est fait rouler dans la farine.

Triomphe. Pas si simple, car sans la pression européenne, le déficit français aurait sans doute de nouveau plongé vers les 5% du PIB et même les réformes structurelles n'auraient sans doute pas vu le jour dans une conjoncture économique et politique dégradée. Dès le départ, Paris, tout comme Rome qui a aussi dû consentir à des efforts supplémentaires, savait que son budget était hors des clous, avec un déficit public prévu de 4,3% du PIB, loin, très loin des 3% promis pour 2015. Mais elle espérait passer en force, pariant sur la répugnance de la Commission à sanctionner la seconde économie de la zone euro alors que la conjoncture se dégrade à vue d'œil. L'exécutif communautaire n'a d'ailleurs pas fait mystère qu'il voulait éviter de «rejeter» le budget français au risque de p