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TRIBUNE

L’actionnariat salarié, une chance pour l’Europe

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par Michel Barnier, Vice-président de la Commission européenne, en charge du marché intérieur et des services
publié le 30 octobre 2014 à 17h06
La part des salariés dans la production de richesse nationale n’a cessé de décliner ces trente dernières années dans les pays de l’OCDE. C’est un problème pour le pouvoir d’achat, au moment où nous avons besoin de renforcer la demande pour soutenir la croissance. C’est aussi, et de manière plus fondamentale, un problème pour la cohésion d’ensemble de nos sociétés, dans un contexte de concentration toujours plus forte des richesses.

L'actionnariat salarié peut contribuer à lutter contre cette augmentation des déséquilibres de répartition des revenus. Il peut aussi nous aider à retrouver les fondements du modèle européen d'économie sociale de marché compétitive. Et mettre notre économie sur la voie d'une croissance plus soutenable, qui reparte des territoires. La pratique n'est pas nouvelle. En 1967 déjà, le général de Gaulle signait l'ordonnance sur la «participation des salariés aux fruits de l'expansion des entreprises», qui permit à des millions de travailleurs français d'accumuler des actions de leur entreprise. Aux Etats-Unis, également, des millions d'employés ont acquis des parts de leur entreprise grâce au plan d'actionnariat salarié (Employee Stock Ownership Plan).

Depuis la mise en place de ces méca-nismes, des décennies de recherche ont confirmé que les entreprises qui sont, partiellement ou intégralement, la propriété de leurs salariés sont moins sujettes aux délocalisations, dégagent plus de profits, créent plus d’emplois et contribuent davantage aux recettes fiscales dans les territoires où elles sont implantées. Enfin, leurs employés sont en général des actionnaires de long terme, ce qui constitue un élément de stabilité sur les marchés financiers.

Ces formules d’association des salariés au capital auront un rôle crucial à jouer en Europe dans les prochaines années, alors que bon nombre de dirigeants ou gérants de PME partiront à la retraite et devront ass