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Libération
Récit

Mercedes, la berline du cacao ivoirien

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Grâce à cette variété miracle que s’arrachent les planteurs, la production du pays a explosé cette année.
Le revenu global perçu par les producteurs de café-cacao a augmenté de 7,5% en trois ans. (Photo Rodrigo Buendia. AFP)
publié le 31 octobre 2014 à 18h36

«Toutes les grosses voitures que vous voyez à Abidjan, elles appartiennent à des hommes qui ont des plantations.» Le sourire d'Antoine Kouakou se fait malicieux lorsqu'il raconte sa reconversion dans l'or brun. A 58 ans, cet ancien adjudant-chef de gendarmerie, aujourd'hui à la retraite, a fait fructifier un hectare de cacao et sept d'hévéa près du village de Sahnyé, à 80 kilomètres d'Abidjan. Pour son plus grand bénéfice. «J'aurais dû investir moins sur l'hévéa, peste-t-il. Mais à l'époque, je ne connaissais pas le cacao Mercedes.»

Cette «époque», c'était avant 2008, quand il tombe sur une publicité du CNRA (le Centre national de recherche agronomique) à la télévision, qui vante les mérites d'une nouvelle variété au rendement surpuissant : Mercedes. «J'ai acheté ces semences car il me restait un hectare à peine avec des pieds de cacao classique.» Investissement initial : «15 000 francs CFA (23 euros).» Après vingt-quatre mois, ses premiers cacaoyers «nouvelle génération» donnaient déjà des fèves, contre cinq à six ans pour des pieds classiques. L'an passé, son hectare sacré a produit sa première tonne de cacao, vendue 750 000 francs CFA. Un «petit à-côté» précieux, se réjouit le retraité, dont la pension ne dépasse pas 300 euros par mois.

Mercedes : le nom vient «des paysans eux-mêmes», parce que les berlines allemandes, en Côte-d'Ivoire, sont considérées comme «les voitures qui vont vite», raconte le D