L’île Maurice, Zoulouland, la Cité des druides : trois «villages» ont poussé en une semaine sur les terres remuées au bulldozer du chantier du barrage de Sivens, aujourd’hui suspendu. Des tentes Quechua partout, des bâches tendues sur des piquets et arrimées au sol, une cabane faite de palettes de bois dressées et remplies de torchis : après la non-décision de la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, sur le dossier, mardi soir, et malgré sa volonté de voir évacués les lieux, la ZAD (zone à défendre) du Testet ne désemplit pas.
Entre les coups de marteau, les chants de scie et le transport de plaques de tôles, des jeunes s'affairent à la corvée de bois pendant que d'autres travaillent au fléchage des lieux, peignant «compostage végétal» sur des calendriers de Bouygues Energies & Services… «On a l'air de vouloir évacuer les lieux, là ?» interroge Helios. «On nous dit que les politiques et les agriculteurs veulent réfléchir à un redimensionnement du projet, rappelle un dénommé Camille, les bottes dans la boue. Mais pour nous, c'est tout réfléchi. Grand, petit, en couleur ou en noir et blanc, il n'y aura pas de barrage.» Un autre Camille (prénom d'emprunt commun sur cette ZAD) renchérit : «A Paris, ils nous demandent même pas ce qu'on en pense, ils nous méprisent. Alors nous, on continue.» Au bout du chantier interrompu, un tumulus baptisé «le Monticule». Au dessus, un imposant assemblage de poutres est censé constituer une catapulte