Servier n'avait pas apprécié notre article du 23 décembre 2010 titré «La technique de l'intimidation». Mais le laboratoire a perdu son combat judiciaire. Après avoir été condamné en novembre 2013 pour diffamation suite à une plainte du fabricant du Mediator, Libé a gagné jeudi en appel. Si l'arrêt n'était pas encore disponible, la Cour d'appel de Paris nous a relaxés au bénéfice de la bonne foi, dont l'un des critères est le sérieux de l'enquête. Servier a cinq jours pour se pourvoir en cassation.
Le labo, qui a également porté plainte contre le Nouvel Observateur et le magazine de France 2 Envoyé spécial, voulait faire condamner les médias qui ont évoqué l'un des volets les plus choquants de l'affaire du Mediator : les pressions, intimidations et menaces de mort subies par des médecins, avocats ou journalistes qui se sont intéressés de près aux dangers du médicament (qui aurait causé la mort de 1 300 à 1 800 personnes en France) et de son cousin et prédécesseur, l'Isoméride, interdit en 1997.
Nous avions ainsi révélé un fax confidentiel de Servier qui demandait à ses partenaires américains de «neutraliser» le professeur Abenhaïm, auteur d'une étude démontrant la dangerosité de l'Isoméride. Coïncidence, cet épidémiologiste avait ensuite reçu des couronnes mortuaires à son domicile, et un homme se revendiquant au téléphone de «Servier