S’il existait un concours Eurovision de l’hypocrisie fiscale, les Vingt-Huit pourraient tous prétendre à la victoire. Car «l’optimisation», qu’on la juge morale ou non, n’est nullement l’apanage du Luxembourg, comme pourrait le faire croire le «Luxleaks» et les cris d’orfraie poussés par certains politiques. Tous les Etats, en Europe ou ailleurs, font preuve de la même imagination pour attirer ou retenir les grandes entreprises et les capitaux, infiniment plus mobiles que le travail. Et si tous se disent favorables à un désarmement des pratiques fiscales dommageables, c’est à condition qu’il ait lieu d’abord chez le voisin… En clair, l’évasion fiscale, à différencier de la fraude, des plus riches - personnes morales ou physiques - n’est possible que parce que les gouvernements le veulent bien. Y remédier, notamment au niveau européen, serait aisé si la volonté politique existait.
Niches. Jean-Claude Juncker, le nouveau président de la Commission européenne, qui n'ignore rien des pratiques luxembourgeoises dans ce domaine, sait aussi que d'autres pays pratiquent l'exercice (Irlande, Pays-Bas, Suisse). Surtout, Juncker sait bien que personne ne peut crier au scandale, chacun cherchant à se rendre le plus attractif possible. Ainsi, la Belgique, un enfer fiscal pour les travailleurs, est un paradis fiscal pour le capital et les grandes entreprises, grâce, notamment, au mécanisme des «intérêts notionnels». Une étude réalisée en 2012 par le thi