Cet après-midi, Claude Ongena s'attelle à sa CTQ, autrement dit à sa «Contract Queue» : sur son écran d'ordinateur, ce musicien professionnel, désormais permanent de Smart Belgique, examine les contrats de travail préremplis par les artistes, que le logiciel de lecture automatique n'a pas pu valider. Absence de signature ou annotations manuelles… En quelques clics, il étudie le fichier, le réexpédie au besoin à son expéditeur assorti d'une question, ou le valide. «Notre système d'information édite alors une facture, envoyée à notre service courrier. Sept jours au plus après sa prestation, cet artiste recevra son salaire.»
Sept jours : un délai naguère utopique dans ce milieu ! Mais de petite entreprise sociale bruxelloise, Smart s’est, en quinze ans, érigée en véritable bulldozer du monde de la culture. En Belgique, et désormais en Espagne, en Suède, et en France, en attendant d’autres pays européens.
«A l'origine, raconte Sandrino Graceffa, son administrateur délégué, Smart est né de la rencontre de Pierre Burnotte et Julek Jurowicz, tous deux actifs dans le spectacle. Ils se sont rendu compte que beaucoup d'artistes montaient des projets parfois fort compliqués, mais se trouvaient désemparés pour leur donner un cadre juridique, social et financier.» En 1998, les deux compères décident d'aider indépendants et collectifs d'artistes à rédiger des contrats, mais aussi à donner un statut officiel aux investissements personnels ou dons de proches. Smart