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EDITORIAL

Fécond

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publié le 13 novembre 2014 à 20h06

L’onomastique laissait croire que pour 1 000 vaches, il fallait au moins un plateau. Aujourd’hui, une ferme de quelques dizaines d’hectares suffit. Champ de bataille entre partisans d’une agriculture raisonnée et ceux qui veulent une agriculture productive, la ferme des «1 000 vaches» n’est que l’un des nombreux espaces symboliques où l’usine remplace la ferme. Comme les maternités à cochons, les poulaillers aux 250 000 pondeuses. Ce système qui porte le nom au moins sans équivoque d’agrobusiness est défendu par nombre de syndicats agricoles, dont la FNSEA de Xavier Beulin, la FAO et les gouvernements de pays du Sud. Tous voient dans ces nouveaux modes de production un système rentable pour les consommateurs et compétitif pour les agriculteurs.

L’envers du décor est moins fertile. Cette forme d’agriculture est très coûteuse en intrants, eau, énergie et multiples produits chimiques, des engrais aux insecticides qui usent et abîment la terre. Elle rend aussi dépendants les agriculteurs de quelques entreprises qui monopolisent la filière, des semences à la commercialisation.

Sans parler de la concurrence déjà dénoncée dans les pays du Sud entre les cultures vivrières qui nourrissent les hommes et les cultures commerciales qui accaparent leurs terres.

La France ne peut revenir à un idéal sépia de petites fermes idylliques, thébaïdes, qui n’ont jamais vraiment existé et dont les paysans ne veulent plus. Mais une agriculture raisonnée, durable et respectueuse des terroirs et des clim