Eleveur laitier dans l’Aisne, Henri Brichart est vice-président de la FNSEA, principal syndicat agricole français. Il défend l’idée d’une pluralité des modèles dans l’Hexagone.
Le débat semble de plus en plus vif entre partisans et opposants d’une agriculture industrielle. Où se situe la FNSEA ?
Nous n’avons pas d’états d’âme à dire que la FNSEA défend l’agrobusiness, si l’on entend par là le fait que l’agriculteur moderne ne se contente pas de produire mais s’investit dans le devenir de sa production. Autrefois, la politique agricole commune avait pour mot d’ordre «produisez». Depuis que l’autosuffisance agricole est atteinte en Europe, la question se pose différemment. Autrement dit, il faut trouver des débouchés. Donc l’agro-industrie n’est pas un gros mot en soit.
Reste que la FNSEA est accusée de rouler pour les gros agriculteurs et de se faire le chantre d’un modèle productiviste…
Nous ne défendons pas un modèle agricole unique. Il y a de la place en France pour le petit exploitant favorisant les circuits courts et pour d’autres exploitations plus grandes dans lesquelles les produits sont moins valorisés. L’important, c’est que, quel que soit le choix, l’agriculture puisse rester maîtresse de son activité et de son capital.
Ce n’est pas le cas de la «ferme des 1 000 vaches» en Picardie, qui rompt radicalement avec le modèle d’élevage familial dominant en France…
Oui, et cela ne nous convient pas. Autant l’image véhiculée par certains médias sur cette exploitation d’un nouveau type nous paraît fausse, autant nous défendons un modèle où la maîtrise de l’outil de production reste fondamentale. Pour le reste, je ne crois pas que l’on puisse opposer de petites exploitations qui seraient forcément respectueuses de l’environnement et de la condition animale à de plus grosses forcément plus polluantes et maltraitant les animaux. C’est caricatural et cela