Une jolie brochette d'élus écharpés de tricolore se serre sous la cathédrale d'Albi. Derrière elle, 3 000 manifestants pro-barrage de Sivens s'apprêtent, en ce début d'après-midi, à défiler dans les rues de la préfecture du Tarn. Leur mot d'ordre : «Laissez-nous décider de l'avenir de nos territoires». Autrement dit: «ne pas laisser une minorité s'opposer en toute illégalité à un projet d'intérêt général décidé par les élus de la République, précise Grégory Galzin, 30 ans, éleveur. Nous sommes dans un Etat de droit». Cette «minorité»? Les zadistes qui occupent depuis huit mois le chantier aujourd'hui interrompu de Sivens.
Une petite pancarte dans le défilé ne fait pas dans le détail: «EELV Parti terroriste Dissolution». Une autre s'en prend à la presse audiovisuelle: «Antenne 2 (sic) FR3 (re-sic) France Inter, ne bâillonnez plus l'agriculture, la démocratie en dépend». Malgré les apparences, et la volonté des organisateurs, ce défilé ne serait donc pas une manifestation pro-barrage à l'appel d'agriculteurs. «C'est l'ensemble du monde rural qui invite les citoyens à faire respecter les lois de la République», explique à Libération le président départemental de la Chambre d'Agriculture… Au micro, l'animateur sono du cortège insiste : «Nous sommes la société civile, accompagnée de tout le monde». Le service d'ordre, coiffé de casquettes rouges, est pourtant organisé autour d'élus de la Fédération des syndica