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En haut de la pile

Le touriste en techno-nomade déboussolé

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EcoFuturdossier
publié le 16 novembre 2014 à 17h06

Est-il bien raisonnable de vouloir s’opposer à l’

«injonction du mouvement»,

cette

«frénésie mobilitaire»

qui caractérise le tourisme mondialisé ? Envers et contre notre époque

«éperdue d’automatisme ambulatoire»,

le sociologue Rodolphe Christin répond oui, trois fois oui, en tirant à boulets rouges sur

«l’idéal de liberté touristique»,

consubstantiel du libéralisme triomphant. Osé quand, depuis l’été 1936, l’imaginaire populaire associe congés payés à repos bien mérité du travailleur exploité…

Mais les choses ont bien changé depuis le Front pop. Le touriste ne part plus à bicyclette sur les bords de la Marne avec sa tente sur le porte-bagages. Il embarque dans des charters pour débarquer à l'autre bout du monde en Homo touristicus «mondophage», en vacances de sa propre citoyenneté. Dans cet essai aux accents houellebecquiens, Rodolphe Christin assimile ainsi le tourisme à «une économie de la frustration», «un défoulement de nantis et un refoulement de démunis». Après tout, cette activité de voyageur «techno-nomadisant» concerne moins de 5% de la population mondiale. Avec des effets faussement bénéfiques pour l'économie des pays pauvres. «Malgré ses airs bon enfant, le tourisme n'est en rien une activité douce» : entre déplacements aériens émetteurs de CO2, pressions exercées sur les ressources locales comme l'eau, et «écosystèmes altérés par les bétonneurs», il se révèle «écologi