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Libération
Témoignage

«Comme si la semaine ne finissait jamais»

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Emilie, Basile et François travaillent le dimanche. Fatigue, famille, sorties : leur vie est déréglée, mais François y trouve aussi son compte.
Des salariés du Printemps manifestent contre le travail du dimanche, vendredi. (Photo Bruno Charoy)
publié le 17 novembre 2014 à 20h06

Ce sont des travailleurs dominicaux. Aux parcours et aux expériences contrastées, aux contraintes souvent frustrantes ou aux choix pas faciles à vivre. A l’heure où le gouvernement entend élargir les possibilités d’ouverture le dimanche, rencontre avec trois de ces 6 millions de personnes déjà concernées.

Émilie, 37 ans, infirmière au sein d’une maison d’arrêt en Alsace

Une fois par mois, elle travaille le samedi et le dimanche. A la prison, pas de volontariat, mais un système de roulement. Tout le monde y passe. «A chaque fois, ça me gonfle, avoue-t-elle. J'appréhende toujours, parce qu'on est moins nombreux. Le week-end, il n'y a pas de médecin sur place, donc s'il y a un problème, une situation de crise, un suicide, je suis en première ligne.» Elle récupère ensuite ses heures travaillées la semaine suivante, deux après-midi par-ci par-là. «Je ne déconnecte pas, puisque je n'ai pas deux vrais jours de coupure. C'est comme si la semaine ne finissait jamais.» A force, elle a le sentiment de «ramener de plus en plus de choses à la maison». «Je suis normalement formée pour maintenir une distance, me protéger psychologiquement… En fait, je suis de plus en plus affectée par mon travail. C'est lourd, je suis plus sensible à la pression. A la prison, les soignants sont comme des invités. Les détenus n'ont pas d'obligation de soins et l'administration pénitentiaire cherche sans cesse à obtenir des informations soumi