Menu
Libération
Analyse

MyFerryLink joue sa bataille d’Angleterre

Article réservé aux abonnés
La justice britannique risque de bannir la Scop du port de Douvres en raison de ses liens avec Eurotunnel. En jeu : 600 emplois et la survie de l’entreprise française.
Le «Berlioz», en août 2012. Le ferry effectue la liaison Calais-Douvres. (Photo Philippe Huguen. AFP)
par Stéphanie Maurice, LILLE, de notre correspondante
publié le 21 novembre 2014 à 20h06

MyFerryLink est au bord du gouffre. Propriétaire de ses navires, dont il assure la commercialisation, Eurotunnel est à deux doigts de jeter l'éponge. «Si les Britanniques ne veulent pas qu'on accoste à Douvres, on n'insistera pas, explique son PDG, Jacques Gounon, qui a reçu très récemment Libération. Comme personne ne nous soutient, il va falloir être pragmatique. Je n'y crois plus», prévient-il.

La semaine prochaine, la compagnie de ferrys française jouera encore sa survie devant les tribunaux londoniens. Lundi et mardi, la cour d'appel examinera pour la deuxième fois la légitimité de la décision de l'Autorité de la concurrence britannique, qui veut interdire le port anglais aux bateaux de la compagnie française. Une interdiction qui signifierait son arrêt de mort et le chômage pour ses 600 salariés. Derrière ce Petit Poucet du trafic transmanche, né en juillet 2012 sur les décombres de SeaFrance, c'est Eurotunnel qui est visé. Les Anglais n'apprécient guère que l'opérateur du tunnel sous la Manche prenne des parts de marché sur les traversées par voie de mer entre Calais et Douvres. Ils y voient un risque de monopole, et de contrôle des prix, qui les effraie. Pour eux, ce mélange des genres est malsain. «Pourtant, nous avons dressé une muraille de Chine entre MyFerryLink et Eurotunnel», soupire le grand patron.

Détroit. Au moment de la liquidation judiciaire de SeaFrance, en 2012, Eurotunnel s'était