Le temps des experts n'est pas exactement celui des politiques. On a pu s'en rendre compte une nouvelle fois jeudi à Bercy, lors de la présentation en grande pompe du rapport commandé par les ministres de l'Economie français et allemands (Emmanuel Macron et Sigmar Gabriel)à deux économistes aux vues réputées très proches des leurs, le français Jean-Pisani-Ferry et son confrère d'outre-Rhin Henrik Enderlein. Un quatuor très social-libéral-démocrate parfaitement à l'unisson sur le papier. But de la manœuvre ? Ranimer la flamme vacillante du couple franco-allemand en proposant des pistes de réforme en faveur de l'investissement et de la croissance dans les deux pays. Une approche «pragmatique», afin de sortir l'Europe d'une stagnation qui dure, marquée par une très faible croissance, une inflation excessivement basse, une forte dette et un chômage de masse.
«Rupture». Acte I, les deux «auteurs» du jour présentent leur rapport insistent sur l'urgence de la situation. «Nous nous approchons d'un point de rupture économique et politique en Europe, expliquent-ils. Paris et Berlin ont une responsabilité commune pour l'empêcher d'advenir.» Pour la France, les deux économistes évoquent la nécessité de réformes «urgentes et précises» dans un pays menacé par son «manque d'audace». L'Hexagone doit donc accélérer la transition - déjà entamée - vers un modèle de flexisécurité pour son marché du travail en s'i