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édito

Mecanimal

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"Chessboxer", Enki Bilal (Artcurial/ Enki Bilal)
publié le 30 novembre 2014 à 17h06

Les artistes, a fortiori ceux qui explorent les territoires diachroniques et arborescents de la science-fiction, sont souvent les meilleures vigies de notre présent-futur. Ainsi Enki Bilal, maître de la BD poétique et post-apocalyptique, a-t-il forgé le néologisme «mecanhumanimal» le temps d'une expo aux Arts et Métiers (lire EcoFutur du 3 juin 2013). Un mot étrange et fascinant annonçant l'hybridation de l'homme, de la machine et de l'animal. Les visions de Bilal, qui font écho à celle de l'underground cyberpunk, ne sont pas que des hallucinations. La robotique fait des pas de géant, propulsée par les milliards de Google (qui a racheté huit start-up du secteur en deux ans) et l'accélération numérique qui a rendu obsolète la loi de Moore. Rien ne l'arrête, à l'instar de BigDog, l'inquiétant robot quadrupède de Boston Dynamics inspiré des quadripodes impériaux de l'Empire contre attaque. Face à l'impasse provisoire de l'anthropomorphisme - en attendant l'intelligence artificielle, les parfaits humanoïdes de Real Humans ne sont pas pour demain -, elle cherche l'inspiration dans la nature pour parachever sa robolution. Plutôt que de se prendre pour Dieu en courant après le mythe du golem, l'idée des bioroboticiens est de façonner un corps mécatronique en interaction idéale avec son environnement. Une forme