Les autres pays européens ont-ils un patronat aussi «décomplexé» qu'en France, qui multiplie les offensives pour plus de régularisation et de libéralisation ou fustige les «blocages» en dépit de concessions majeures de l'exécutif ? Tour d'horizon.
En Espagne Libéralisation à marche forcée
La potion magique libérale a commencé à porter ses fruits. Mais ce n’est pas suffisant : il faut en accentuer la teneur afin d’en multiplier ses effets. C’est, en substance, le credo du patronat, la CEOE - la Confédération espagnole des entreprises organisées. En plein processus préélectoral (une nouvelle présidence de la confédération sera nommée mi-décembre), les deux candidats partagent le même diagnostic : la réforme du marché du travail adoptée en 2012 par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, d’inspiration libérale, a eu une traduction très positive. Mais cela ne suffit pas. Il convient d’aller plus loin dans cette même direction.
Cette réforme a rendu les conventions collectives bien plus flexibles, a abaissé notoirement le coût du licenciement et fait en sorte que le temps de travail soit davantage malléable, en privilégiant les contrats à temps partiel et les contrats temporaires. En parallèle, contraint par Bruxelles de juguler son déficit public, le gouvernement a réduit les salaires de la fonction publique (-15% au total depuis 2012), salaires qui, en janvier, seront gelés pour la troisième année consécutive. Aux yeux de l'exécutif et du patronat,