Bernard Vivier pilote l'Institut supérieur du travail. Cet ex-secrétaire général de la CFTC, peu suspect de sympathie vis-à-vis de la CGT, s'inquiète pourtant des conséquences de l'affaire Lepaon (lire pages 2-3).
La crise à la tête de la CGT n’est pas une bonne nouvelle pour le syndicat ou le syndicalisme…
Ni pour les partenaires sociaux ou le gouvernement. Car elle illustre l’affaiblissement des corps intermédiaires du pays, la défiance vis-à-vis des syndicats ou des partis traditionnels, le délitement de relais de la démocratie, et elle favorise la montée des extrêmes, le Front national en tête. Le gouvernement ne peut pas se contenter d’avoir une relation privilégiée avec la seule CFDT. Il a besoin d’une CGT solide, en ordre de marche. Par ailleurs, la CFDT ne veut pas être taxée de relais du pouvoir dans le monde du travail.
La crise se passe à un moment où la CGT a pu donner le sentiment de flotter et voir les choix de sa direction contestés par la base…
La CGT a besoin d’homogénéité. Elle a fonctionné de manière rigoureuse pendant des décennies : elle était identifiable et structurée, solide et consistante. Elle reste une très grande organisation, très structurée, très forte (35 fédérations, 857 unions locales), qui sait encore recruter, former et promouvoir dans les entreprises de très bons militants. Si la CGT n’est pas présente dans une grande manifestation intersyndicale, on n’appelle plus cela une manifestation intersyndicale, mais une délégation intersyndicale…
La CGT a besoin de leadership. Or, on observe un affaiblissement électoral de la centrale dans ses bastions traditionnels, à EDF, la SNCF ou Orange, qui correspond à une évolution sociologique de sa base. A cela se double