Cette année, la Saint-Nicolas avait un goût amer à Bochum. Tous les enfants d’Allemagne attendent ce jour avec impatience : chaque 5 décembre au soir, ils astiquent et déposent leurs chaussures devant leur porte pour que, pendant la nuit, le brave Saint-Nicolas vienne y déposer du chocolat… Mais cette année, à la nuit tombée, c’est à la fermeture de la chaîne de Bochum que les derniers 3 300 ouvriers d’Opel devaient assister. La fin de dix ans de combat, d’espoir et de déceptions pour les «Opelaner», comme on les appelle dans le pays.
A Bochum, cité sinistrée de la Ruhr (nord-ouest du pays), tout le monde connaît l'adresse du constructeur automobile : Opelring 1. Opel possède sa propre rue, comme Mercedes-Benz à Stuttgart. Mais Opel ne joue plus dans la cour des grands. Devant le bâtiment administratif, là où les salariés garent leur voiture, les Astra, Zafira et autres Corsa sont soigneusement rangées en épi. «Pour beaucoup de collègues, c'est leur dernière Opel», soupire Rainer Einenkel. De son bureau au deuxième étage, le chef du comité d'entreprise - 60 ans, fines lunettes, lueur de lassitude dans le regard - a vue sur les bois qui séparent l'usine Opel de la ville.
Tristesse. Quelques cartons étiquetés «comptes rendus des séances du comité d'entreprise» attendent les déménageurs. Les couloirs au carrelage vert piscine sont déserts, tout comme le hall d'entrée cylindrique et magistral, revêtu de marbre. Près de l'escalier, un