La scène se passe le 10 avril 2012, au huitième étage de l’immeuble art déco qui abrite alors le siège d’Areva, au 33 de la rue La Fayette, à Paris. Le nouveau patron, Luc Oursel, est radieux. Dix mois plus tôt, il a obtenu ce qu’il briguait depuis des années : la présidence d’un grand groupe industriel, et non des moindres. Certes, Areva est affaibli par la catastrophe de Fukushima et quelques dossiers glissés sous le tapis par Anne Lauvergeon, aux manettes de 1999 à juin 2011. Mais l’entreprise reste un des leaders mondiaux du nucléaire. Pour cet ambitieux ingénieur des Mines, qui était le numéro 2 depuis 2007, un rêve de gosse s’est réalisé.
Hommes à gros QI
Ce soir-là, il a réuni amis et relations professionnelles pour fêter sa Légion d'honneur, remise par Didier Pineau-Valencienne, l'ex-patron du groupe Schneider. Oursel, qui a travaillé à ses côtés et qui est un grand fidèle, lui voue une admiration sans bornes. Ce soir-là, DPV entamera son discours par cette déclaration assez peu fréquente dans ce monde de chausse-trapes : «Comme tu le sais, j'ai pour toi, depuis que je t'ai connu en 1993, tellement d'estime et d'admiration que j'aurais rêvé faire de toi mon successeur à la direction de Schneider. Malheureusement, le conseil d'administration t'avait trouvé trop jeune… et souhaitait que tu termines ton expérience en Italie [où Oursel présidait la filiale de Schneider, ndlr]. Tu as bien fait de quitter Schneider, car le président [choisi] est