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Interview

«Syriza aura peu d’espace pour rompre avec l’UE»

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Pour le politologue Ilias Nicolacopoulos, une gouvernance par le parti de gauche ne serait pas synonyme de révolution.
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 17 décembre 2014 à 20h16

Pour Ilias Nicolacopoulos, politologue et professeur à l’université d’Athènes, l’Union européenne a tort d’avoir peur de Syriza, ce parti de la gauche radicale s’étant assagi à l’approche du pouvoir.

Y aura-t-il des élections législatives anticipées ?

On le saura le 29 décembre, après le troisième tour de l'élection présidentielle. Si la Voulí [le Parlement monocaméral grec, ndlr] ne parvient pas à élire le président, la Constitution prévoit sa dissolution automatique. A mon avis, il y a plus de 60% de chances que cela se produise et, dans ce cas, les élections auront lieu soit le 25 janvier, soit le 1er février.

Qui a intérêt à précipiter cette échéance ?

Ce n’est pas très clair mais sans doute le Premier ministre conservateur, Antónis Samarás. Vu la conjoncture, il savait qu’il aurait du mal à gagner les élections de 2016. Là, il peut espérer limiter ses pertes en agitant le spectre du désordre économique, la Grèce n’étant pas encore sortie du programme d’assistance, et, surtout, compliquer la tâche de Syriza, qui est donné gagnant mais sans majorité absolue. Selon les sondages, il devance Nouvelle Démocratie (conservateurs) de 4 à 6 points, soit 32-33% contre 27-28%. Syriza devra donc trouver des alliés, notamment du côté du centre gauche (To Potámi) ou de la droite populaire (Grecs indépendants). Sa majorité sera instable, ce qui compliquera la tâche du gouvernement. Aléxis Tsípras, leader de Syriza, aura peu d’espace pour prendre des décisions révolutionnaires ou en rupture avec l’UE.

Ce parti semble pourtant prôner la confrontation avec les instances européennes…

Une impression causée par son aile gauche, minoritaire, qui fai