Manger, mangiare, bien manger est un acte profondément culturel. Un plaisir ritualisé qui fait société et va bien au-delà du fait de consommer un élément d'origine animal, végétal ou chimique à des seules fins énergétiques, nutritionnelles et vitales.
C'est ce qui nous distingue, aussi, des animaux qui finissent dans nos assiettes en rôti, sauté, fricassé, mijoté… Notre camarade Jacky Durand, auteur voisin des savoureuses chroniques «Tu mitonnes», ne nous démentira pas. Comme les Français qui préparent leur réveillon à grand renfort d'huîtres, foie gras, chapons, poulardes. Alors, que penser des apprentis sorciers qui, au prétexte de conjuguer notre alimentation au futur, entreprennent de faire tabula rasa de deux ou trois millénaires d'humanisme culinaire à grand renfort de technologies «NBIC» ? En découvrant le menu ci-contre, fait de viande clonée ou «imprimée» d'animaux génétiquement modifiés (AGM) en accompagnement idéal des OGM déjà disséminés dans notre alimentation, on est forcément saisi d'un haut-le-cœur.
Ce à quoi les carnassiers pragmatiques du techno-food business répondront qu'il faudra bien nourrir 9 milliards de Terriens sur une planète finie. Y a-t-il d'autres plats à servir que ce futuro-menu indigeste : manger moins, manger mieux, manger plus local ? Sans nul doute. Manger des insectes comme le font 2 ou 3 milliards d'humains depuis la nuit des temps ? Peut-être… même si notre estomac un peu chochotte fait un aller-retour à cette s