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Libération

Race, vie et mort en Amérique

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publié le 22 décembre 2014 à 17h06

En 2014, deux Noirs-Américains, Eric Garner et Michael Brown, ont été tués par des policiers blancs alors qu’ils n’étaient pas armés. Dans les deux cas, la justice a décidé de ne pas engager de poursuites contre les policiers responsables de ces homicides. Ces décisions ont été suivies de nombreuses manifestations dans les grandes villes américaines avec pour slogan «Black Lives Matter» («les vies noires comptent»). Plus largement, ces événements invitent à revisiter les progrès de la condition des Noirs-Américains depuis le temps de Martin Luther King.

Jusqu'aux années 80, les Noirs ont vu leur position sur le marché du travail s'améliorer, avec notamment une augmentation des salaires par rapport aux Blancs. Depuis, la situation s'est détériorée. Une des raisons de cette détérioration est le taux d'incarcération de plus en plus élevé des Noirs ces trente dernières années (1). Dans l'Amérique contemporaine, presque 30% des jeunes hommes noirs sans baccalauréat sont en prison ! Avec un tel taux d'incarcération, ces hommes ne peuvent pas en même temps travailler. En ce sens, l'inquiétude témoignée par les manifestants contre l'impunité des policiers blancs est légitime : la sévérité avec laquelle les Noirs sont traités par le système policier est l'une des raisons des disparités raciales grandissantes dans l'Amérique d'aujourd'hui.

Mais, ceci est loin d’être la seule raison. Malgré le mouvement des droits civiques, la discrimin