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Libération
Reportage

Abattoirs AIM : «Si personne ne nous aide, on est foutus»

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L’entreprise manchoise, touchée par la crise et l’embargo russe, sera placée en redressement judiciaire le 5 janvier. Près de 600 emplois sont menacés.
publié le 25 décembre 2014 à 20h06

Ciel plombé et crachin persistant, mines moroses : en cette période de Noël, l'ambiance n'est guère à la fête à Sainte-Cécile, petit village de 850 habitants de la Manche près duquel sont plantés depuis quelques décennies les bâtiments défraîchis des abattoirs de cochons AIM. Au Cécilia, le restaurant ouvrier du bourg, la patronne, Isabelle, se désole : «S'il y a un dépôt de bilan, tout le monde va en subir les conséquences. On connaît beaucoup de familles qui y travaillent. C'est la plus grosse entreprise de la région. Noël va être triste dans les foyers.»

Mardi, les 373 salariés du site ont appris le placement en redressement judiciaire de l’entreprise dès le 5 janvier. Cerise amère sur un gâteau empoisonné, on leur a également indiqué que leur salaire ne serait pas versé ce mois-ci et qu’ils ne toucheraient - faute de trésorerie suffisante - qu’une avance de 800 euros.

«On congèle». Sur le parking détrempé qui domine les chaînes d'abattage et de découpe de porcs, les silhouettes se font fuyantes et peu loquaces. Emmitouflée dans son anorak, Françoise, une employée dont le mari travaille là depuis vingt-sept ans, laisse sourdre sa colère. «Nous annoncer ça le 23 décembre, ce n'est pas normal ! fulmine cette mère de trois enfants. Comment on fait pour faire rouler la voiture ? Et où va-t-on trouver du boulot, y en a nulle part ! Mais on s'y attendait un peu. On congèle, on congèle et on ne vend plus rien !»<