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Libération

Les routiers en grève reconductible pour leurs salaires

Une cinquantaine d'actions sont prévues sur l'ensemble du territoire dans la nuit de dimanche à lundi.
Opération escargot sur l'A1 près de Lille, en 2010. (Photo Denis Charlet. AFP)
par AFP
publié le 18 janvier 2015 à 18h12

Opérations escargot, blocage de sites industriels ou de dépôts pétroliers: les routiers entament ce dimanche soir une grève reconductible pour réclamer des augmentations de salaires, un mouvement censé gêner le patronat sans peser sur les particuliers.

«L'objectif c'est pas de bloquer la population mais de toucher les employeurs», assure Pascal Goument, de la CFTC-GND, alors qu'une cinquantaine d'actions sont prévues sur l'ensemble du territoire dans la nuit de dimanche à lundi. En cas de blocages d'axes routiers, aux péages d'autoroute par exemple, seuls les poids-lourds seront stoppés par les grévistes, qui laisseront passer les véhicules légers.

S'il y aura «forcément, à la marge, un peu de ralentissement», selon Jérôme Vérité, patron de la CGT Transports, la grève ne devrait pas paralyser la circulation. L'intersyndicale CGT, FO, CFTC et CFE-CGC donnera le coup d'envoi de ces opérations ce soir 22 heures. Elles «dureront au moins jusqu'à mardi», date de la prochaine séance de négociation annuelle obligatoire (NAO) dans le transport routier de marchandises, où les syndicats espèrent obtenir des augmentations de salaires. Une seconde réunion est programmée jeudi. Mais la grève pourrait chambouler le calendrier établi.

En région parisienne, un premier point de rendez-vous est donné pour la CGT et la CFTC à 21h30 à la Porte de Montreuil, selon Pascal Goument. Le convoi rejoindra des militants de FO à la porte de Clignancourt, avant de se rendre au port de Gennevilliers, où est prévu le premier blocage. «On verra ensuite comment on s'organise dans la nuit», ajoute le syndicaliste, alors que des actions sur la plateforme aéroportuaire de Roissy et d'autres zones industrielles au nord de Paris sont également au programme.

En province, les villes de Lyon, Bordeaux, Nantes ou Lille devraient être touchées vers 22h, selon Jérôme Vérité, les formes de mobilisation choisies dépendant des décisions prises localement par les grévistes. En Gironde, ils se rejoindront sur la zone industrielle de Bassens (près de Bordeaux), pour décider de leur action suivant l'ampleur du rassemblement. Des opérations escargot sont aussi prévues à Marseille ou Nantes.

Le Nord, la Bretagne, la Normandie, l'Aquitaine, le Rhône-Alpes ou la Lorraine sont les régions les plus mobilisées, d'après les syndicalistes.

Les chauffeurs de car et les salariés du secteur logistique (stockage, magasinage, traitement des commandes, etc.) sont également appelés à cesser le travail pour «refuser la paupérisation et la Smicardisation rampantes» de la profession. Les syndicats réclament «une augmentation du pouvoir d'achat minimum de 100 euros» par mois, notamment en portant à 10 euros le taux horaire minimum pour les coefficients les plus bas à l'embauche. «Les salaires dans le monde du transport sont quasiment gelés depuis trois ans. Or, pendant ce temps, le Smic continue à augmenter», explique sur France bleu, Marc Rosa, secrétaire général de la CGT Transports en Gironde. «Résultat: certains salariés qui ont entre 5 et 7 ans d'ancienneté touchent l'équivalent du Smic.»

En 2014, un seul des quatre coefficients en vigueur (qui servent de base aux négociations salariales) dans le transport routier - celui des salariés les plus qualifiés - dépassait le Smic (9,61 euros bruts par heure en 2015). Or, le contexte est favorable à des revalorisations, estiment les syndicalistes, pointant les aides publiques octroyées aux entreprises via le pacte de responsabilité et le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) ou la baisse des prix du carburant.

«Nous n'avons pas les marges de manœuvre suffisantes», rétorque Nicolas Paulissen, délégué général de la Fédération nationale des transports routiers, une organisation patronale. Il juge les revendications des syndicats, qui exigent aussi un 13e mois ou la suppression de la carence maladie, «en décalage avec les réalités économiques des entreprises», et regrette leur «choix tactique» d'appeler à manifester «avant la négociation». Son organisation présentera mardi une «proposition améliorée» de «1% à 2% de hausse selon les coefficients», alors que les syndicats réclament 5%.