François Hollande aurait sans doute préféré qu'un accord soit intervenu vendredi entre les organisations patronales et syndicales sur l'amélioration du dialogue social. Las, malgré les deux jours de marathon et une nuit de discussions au siège du Medef, le dénouement a été encore reporté… à ce jeudi. Du coup, la tonalité de son discours, lundi, à l'occasion des vœux aux acteurs de l'entreprise et de l'emploi, sentait la réprimande. «Dans des circonstances où la démocratie politique a montré un sens élevé de ses devoirs et de son unité, la démocratie sociale est un élément majeur de notre cohésion nationale, a-t-il souligné devant un parterre d'une centaine de représentants patronaux et syndicaux. C'est tout l'enjeu de la négociation en cours sur la modernisation du dialogue social.»
Promotion. Accord ou pas dans les pourparlers en cours, le gouvernement légiférera au deuxième trimestre. Une épée de Damoclès au-dessus des partenaires sociaux qui ont déjà vu comment la transposition de leurs textes pouvait engendrer des couacs. Ainsi, les accords de maintien de l'emploi, retranscrits dans la loi du 14 juin 2013, ont-ils rencontré peu de succès. Au Medef surtout, on préfère être le plus précis possible pour ne pas laisser le pouvoir trop prendre la plume.
«On peut légiférer sans concertation, il y en a même qui proposent de réformer par ordonnance, a presque menacé le Président. J'ai considéré que le dialogue social était la bonne méthode et que ce n'était pas une perte de temps.» Et d'égrener tous les accords interprofessionnels conclus sous sa méthode labellisée «dialogue social» : contrat de génération, sécurisation de l'emploi, formation professionnelle, qualité de vie au travail, égalité professionnelle dans la fonction publique entre les hommes et les femmes, retraites complémentaires… François Hollande a même fait la promotion de la négociation en cours : une réforme qui repose «forcément sur un équilibre : une organisation plus claire, plus simple, dans l'entreprise, avec une instance représentative principale et de plus grandes souplesses pour la négociation». Et pour les salariés, elle vise notamment «une meilleure représentation dans les petites et moyennes entreprises».
Mais l'Elysée prévoit quand même de faire évoluer sa méthode. La conférence sociale, grande messe annuelle instaurée depuis 2012 et qui donne le menu des négociations à venir, ne fait plus recette. Selon François Hollande, «plutôt qu'une grande réunion une fois par an, qui définit une feuille de route générale, mieux vaudrait fixer plusieurs rendez-vous, sur des thèmes précis, avec des préparations plus longues, des échanges plus directs et des décisions plus rapides».
Perron. Lors de ces vœux, pression a été également mise sur les branches qui n'ont pas encore discuté du «pacte de responsabilité». «Un mouvement est engagé, onze branches représentant 4 millions de salariés ont abouti à un accord, mais ce rythme est encore trop lent», a déploré le Président. Entré en vigueur au 1er janvier, le pacte octroie 40 milliards d'euros aux entreprises à horizon 2017, en échange d'objectifs chiffrés de créations d'emplois dans les branches.
Parmi les premiers à réagir sur le perron de l'Elysée, le numéro 1 de FO, Jean-Claude Mailly, a vu dans le discours présidentiel un appel à conclure un «accord conforme aux revendications patronales» dans les négociations sur la modernisation du dialogue social. «Peut-être qu'il sera dans la délégation patronale jeudi», a-t-il ironisé. Son homologue de la CFDT, Laurent Berger, a appelé le chef de l'Etat à comprendre qu'il fallait «qu'il mette la pression sur le patronat aujourd'hui».