Il y a au moins un banquier intelligent en Europe : Mario Draghi. Depuis plusieurs années, il est clair que les politiques menées en Europe nous envoient dans le mur de la stagnation en économie et du nationalisme en politique. Depuis plusieurs années, il est clair que les politiques monétaires des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne sont plus efficaces que celle de l’Europe. Le «quantitative esasing», qui consiste à créer de la monnaie pour éviter la déflation, a relancé la croissance dans le monde anglo-saxon. Avec un retard scandaleux, la BCE se rend à l’évidence et desserre le carcan qui bridait l’activité sur le continent. Il n’est jamais trop tard pour mieux faire…
Est-ce le salut ? Pas encore. A elle seule, la politique monétaire ne peut pas renverser la table. Il y faut une politique d’investissements, esquissée par Jean-Claude Juncker, mais encore insuffisante. Il y faut une certaine prudence : la planche à billets peut aussi créer des bulles spéculatives dont l’explosion frappe en priorité les moins favorisés. Il y faut enfin de meilleurs salaires, ce qu’Angela Merkel commence à comprendre. On ne dira jamais assez combien les inégalités, en comprimant le pouvoir d’achat des classes populaires - et donc la consommation - contribuent au ralentissement de la production. Plus de justice, c’est plus de croissance. Quel autre Draghi en convaincra les dirigeants européens ?