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Libération
Récit

Macron à la correction chez les ex-Gad

Loin de la presse, le ministre de l’Economie s’est excusé d’avoir qualifié les salariées d’«illettrées».
Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, en visite dans une usine du volailler Doux, le 23 janvier 2015 à Châteaulin (Photo Fred Tanneau. AFP)
publié le 23 janvier 2015 à 20h06

«J'ai rencontré des gens fiers, de belles personnes, c'était très émouvant.» Ce seront à peu près les seules paroles que le ministre de l'Economie accordera à la presse, après sa rencontre avec les ex-salariés de Gad, qu'il voulait «privée». Voilà longtemps en tout cas que les employés de l'entreprise d'abattage attendaient qu'Emmanuel Macron vienne, comme promis, en Bretagne présenter «les yeux dans les yeux» des excuses depuis ses propos sur les salariées «illettrées» de Gad.

C'est chose faite. Mais pas avec la discrétion espérée. «Je voulais venir sans tambour ni trompette, je ne comprends pas pourquoi vous êtes là», lance-t-il aux journalistes avant de s'engouffrer dans la salle des associations de Lampaul-Guimiliau (Finistère), siège de l'abattoir fermé en novembre 2013, laissant plus de 800 personnes sur le carreau. A l'intérieur, une centaine d'«ex» l'attendent autour d'une galette des rois. Un début de chanson, «j'aime la galette avec du beurre dedans», filtre de la salle avant qu'Olivier Le Bars, ex-délégué FO, n'en ressorte pour récupérer une trentaine d'exemplaires de son ouvrage le Visage des Gad. «Je l'ai proposé au ministre et il a tout de suite accepté. Il va les distribuer à chacun des membres du gouvernement pour qu'ils s'inspirent de notre histoire», confie le syndicaliste. Avant de préciser : «Il les achète, je ne les offre pas !» Pour le reste, il se dit satisfait. «Les gens ont compris qu'il venait sincèrement. Il a d'ailleurs été applaudi. Cela va permettre d'effacer cette maladresse et aux ex-Gad, qui sont des gens valeureux, de passer à autre chose.»

Jusqu'à la visite, le sujet restait très sensible. «Je connais un ancien salarié à qui on a fait un test de français pour une embauche», lâche Le Bars. Si le syndicaliste salue le «courage» de Macron, d'autres se montrent plus sceptiques. «Cela reste une tâche, dit Patrick, 50 ans. Il dit qu'il veut nous aider, mais ce ne sont encore que des mots.»

Peu après sa nomination, Macron avait déjà exprimé ses «regrets» devant l’Assemblée nationale, se défendant d’avoir voulu être blessant. Sur le site Gad de Josselin (Morbihan), les délégués avaient alors précisé que l’illettrisme, bien que réel, restait très marginal. A Lampaul, l’ancien banquier a donc pris quelques minutes pour bavarder sous les guirlandes, mais à l’abri des caméras et des micros. Sur les quelque 900 personnes qui ont perdu leur emploi à Lampaul et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), 116 ont retrouvé un CDI et 77 un CDD.