Le Forum économique mondial de Davos, qui s’est achevé samedi soir, aura été marqué par une prise de conscience accrue de la montée des risques géopolitiques, terroristes ou cybernétiques susceptibles de peser sur une économie mondiale déjà convalescente. Alors que la croissance mondiale a été revue à la baisse par le FMI, la montée de ces menaces vient s’ajouter à des facteurs d’incertitude déjà nombreux, parmi lesquels le ralentissement chinois, la menace de déflation en Europe, ou la spectaculaire chute des cours du pétrole. De l’aveu général, l’édition 2015 aura pointé l’anxiété croissante des 2 500 chefs d’entreprise présents durant quatre jours dans la station de ski des Grisons. Ils étaient d’ailleurs moins optimistes cette année sur l’avenir de la croissance mondiale : selon un sondage réalisé par PwC et présenté à Davos, ils n’étaient que 37% à penser que la croissance 2015 serait meilleure, contre 44% l’an passé.
Dans cet environnement de plus en plus instable, la montée en puissance des nouveaux modèles économiques rendus possibles par Internet et le retour en force des Etats-Unis - dont la croissance, à l'inverse de celle du reste du monde, ne cesse d'accélérer - auront servi d'efficace antidote à l'inquiétude générale. Mais le message était aussi à la vigilance dans cette nouvelle société hyperconnectée. Les cybermenaces ont été particulièrement mises en avant, notamment par des patrons de groupes de sécurité informatique. «Ce que vous appelez l'Internet des objets, je l'appelle l'Internet des menaces», a déclaré lors d'un débat le chef d'entreprise russe Eugène Kaspersky, à la tête de la société d'antivirus Kaspersky Lab. Dans une autre session, un patron a estimé que «nous ne sommes plus dans une phase de risque, mais dans une phase d'infection», tant les piratages se multiplient, selon lui.
Au-delà de ces réflexions sur des tendances de fond, l'actualité fut également de la partie à Davos avec la décision historique de la BCE de se lancer dans un programme massif de rachat d'actifs, tombée jeudi en plein milieu du forum. Un stimulus qui ne doit en aucun cas, selon le Français Benoît Cœuré, membre du directoire de la BCE, dispenser les Européens de poursuivre leurs réformes structurelles afin de relancer la croissance dans la zone euro. «Avec une faible croissance, un chômage bien établi, des gens éjectés du marché du travail, nous voyons l'ensemble des fondations du projet européen affaiblies, et cela ne peut pas durer trop longtemps», a-t-il mis en garde.