Alex Salmond, ex-Premier ministre et parangon du nationalisme écossais, a un jour qualifié son cher pays, ceinturé par les vagues et les marées, d'«Arabie Saoudite des énergies marines». Las, les deux entreprises vitrines de l'expertise écossaise en matière d'énergie houlomotrice - à savoir générer de l'électricité à partir des vagues - prennent l'eau. Le naufrage est même complet pour Pelamis. A cours de financements et sans repreneur, l'entreprise de Leith, le quartier portuaire d'Edimbourg, a mis la clé sous la porte et licencié ses 56 employés. La situation de son homologue, Aquamarine, également basé dans la capitale écossaise, est à peine moins dramatique. La société va supprimer les deux tiers de ses postes. Les déboires de ces deux PME pionnières constituent un sérieux revers pour le secteur du houlomoteur. Car elles étaient parvenues il y a quelques années à séduire de grands industriels et à s'assurer leur soutien financier et technologique.
Il y a quatre ans, l’allemand E.ON et le britannique SSE, alors partenaires respectifs de Pelamis et d’Aquamarine, évoquaient un potentiel d’installation houlomoteur de l’ordre du gigawatt d’ici à 2020, peu ou prou la puissance d’un réacteur nucléaire. Mais les deux poisson-pilotes n’ont jamais dépassé la phase des essais menés dans l’impitoyable houle des îles Orcades, au nord de l’Ecosse. Et la filière n’est pas encore parvenue à s’entendre sur le design.L’appareil de Pelamis est un serpent métallique articulé de 180 mètres de long placé parallèlement aux vagues, celui d’Aquamarine est une sorte de clapet dont la partie supérieure ploie et remonte sous l’action de la houle.
Pendant ce temps-là, l’énergie hydrolienne, qui consiste à transformer les courants de marée en électricité grâce à des éoliennes sous-marines, va de l’avant. L’entreprise Meygen doit déployer une première installation commerciale dans le nord de l’Ecosse. En France, on avance également sur le sujet avec le projet pilote du Raz-Blanchard confié à Alstom et GDF Suez. Mais l’allemand Siemens a décidé de céder sa division hydrolienne, jugeant le marché trop étroit. Les gisements de courant marins forts ne sont pas si nombreux sur la planète… Les tenants du houlomoteur n’ont pas ce problème : quand il y a de la mer, il y a des vagues. Reste à trouver comment les exploiter pour produire de l’énergie de manière rentable.