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Libération

L’Europe et la Grèce tentent de communiquer

Dette . Le ministre des Finances hellène et le président de l’Eurogroupe se sont rencontrés. Sans s’entendre.
publié le 30 janvier 2015 à 19h56

Une heure durant, ils ont donc parlé. Et ils ont qualifié leur rencontre de «constructive». Un doux euphémisme pour dire qu'à l'occasion de leur premier tête-à-tête, ce vendredi à Athènes, le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, et le président de l'Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, ont campé sur leurs positions. Et elles sont tranchées.

Sans surprise, le premier a donc rappelé ce que Syriza a promis avant d'être plébiscité dimanche. Si Athènes entend bien «dialoguer» avec l'Europe, elle ne négociera plus avec une «commission branlante». En l'occurrence, la troïka, alliage hétéroclite mais à la pensée économique orthodoxe, composé de l'UE, la BCE et le FMI, qui «n'a aucune légitimité». Et dont l'objectif «est d'appliquer un programme que nous trouvons antieuropéen», a martelé Varoufakis. Pas question donc de demander une extension du programme d'assistance financière, qui expire le 28 février.

«Ignorer les accords n'est pas le bon chemin à prendre», a répondu Jeroen Dijsselbloem. «Le plus important pour la Grèce, c'est qu'elle respecte simplement les accords qui nous lient», avait-il assuré mercredi. Une sortie dans la lignée d'un Sigmar Gabriel, ministre de l'Economie allemand, qui a affirmé que la Grèce devait être «juste» envers ceux qui l'ont aidé. Ou d'un Jean-Claude Juncker, président de la Commission qui, la veille, assurait : «Nous respectons le suffrage universel en Grèce, mais la Grèce doit aussi respecter les autres, les opinions publiques et les parlementaires du reste de l'Europe.» Maigre nuance diplomatique, celle de Pierre Moscovici, commissaire aux affaires économiques : «La Commission et l'Union européenne sont disposées à des échanges moins intrusifs que par le passé, à des formes de coopération plus souples.» Bref : entre Athènes et Bruxelles, on est toujours plus proches de «duels» ou «de menaces ou de suspense sur celui qui va céder le premier»que «d'une nouvelle relation de confiance et de sincérité» qu'Aléxis Tsípras, le nouveau Premier ministre, appelle de ses vœux.

On devrait vite en savoir un peu plus sur le bras de fer en cours. Varoufakis se rendra, à partir de dimanche, à Londres, Paris puis Rome, en quête de soutiens pour tenter d’adoucir la position européenne. De son côté, Tsipras sera à Rome mardi pour une rencontre avec Matteo Renzi, un des rares chefs de gouvernements avocats de l’antiaustérité, avant de se rendre à Paris mercredi.