C'était un départ annoncé. Directrice générale de Petrobras, la compagnie pétrolière publique du Brésil engluée dans un énorme scandale de corruption, Maria das Graças Foster a finalement rendu son tablier, imitée par cinq directeurs. Demandée par le procureur général dans la foulée de l'enquête sur la surfacturation de contrats et les détournements de fonds vers les caisses noires de partis politiques, cette démission en bloc a été communiquée dans un texte laconique de trois lignes. Eventée la veille, la rumeur du départ de la «Dame de fer» avait suffi à doper le cours de l'action (+15% pour la seule journée de mardi), jusqu'alors en chute libre. Et même à éclipser une nouvelle dégradation, par l'agence Fitch, de la note du groupe pétrolier, désormais à deux doigts de perdre le fameux investment grade, le label de «bon payeur».
«Graça», comme on surnomme la patronne de Petrobras, avait déjà remis plus d’une fois sa démission depuis le report, en novembre, de la publication des comptes du troisième trimestre 2014 de son groupe, que le cabinet d’audit PWC a refusé de valider. Et pour cause. Petrobras reste incapable de déterminer l’impact financier réel des détournements. Pour la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, qui craint d’être personnellement mise en cause dans l’affaire, garder cette proche en première ligne s’était révélée jusqu’ici fort commode. Mais la situation de Graça était devenue intenable.
Le conseil d'administration de Petrobras doit élire dès ce jeudi une nouvelle équipe dirigeante parmi les noms que lui soumettra le gouvernement. En attendant de faire la lumière sur toute cette affaire, Dilma Rousseff est à la recherche de la perle rare qui sera capable de «restaurer la crédibilité» de Petrobras. Son mentor, l'ex-président Lula, suggère le nom d'Henrique Meirelles, qui fut gouverneur de la Banque centrale sous les deux mandats du leader de gauche (2003-2010) et lui avait servi de caution vis-à-vis des marchés financiers. Reste à savoir qui voudra bien piloter un groupe dont la valeur boursière - plombée par la corruption, une dette astronomique et des investissements jugés trop ambitieux - s'est effondrée de deux tiers depuis 2008. Cette année-là, tout souriait à Petrobras avec la découverte d'immenses gisements au large du Brésil. Mais ça, c'était avant le scandale.