La bourse d'Athènes croit à un compromis entre la Grèce et ses partenaires européens : ce jeudi, elle a fortement rebondi (+6,73%), après avoir plongé la veille (-4%), et ce, malgré l'échec de l'Eurogroupe. En effet, les 19 ministres des Finances sont passés tout près d'un accord et les autorités grecques se montrent optimistes sur les chances d'y parvenir lundi prochain, lors d'une nouvelle réunion de l'Eurogroupe : Yanis Varoufakis, le grand argentier grec, a prédit, jeudi, qu'un «accord satisfaisant» était en vue. «La magie de l'Europe a toujours été de trouver des solutions, même quand on les croyait impossibles», a ainsi confié le Premier ministre belge, Charles Michel, à l'issue d'une rencontre avec son homologue grec, Aléxis Tsípras, en marge du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement qui a eu lieu jeudi après-midi, à Bruxelles.
«Je suis sûr que tous ensemble nous pouvons trouver une solution viable pour soigner les blessures causées par l'austérité. Nous devons prouver que l'Europe peut trouver une solution, respectant les positions des parties prenantes et combinant le respect de la démocratie et des règles et normes européennes, a affirmé, de son côté le leader de Syriza. Le temps est venu de changer la politique appliquée avec des réformes structurelles non réalisées par le gouvernement sortant comme la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le clientélisme.» En clair, si Athènes souhaite construire un Etat fonctionnel, il ne veut en aucun cas poursuivre les coupes budgétaires exigées par la Troïka (Commission, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) afin que le pays dégage un surplus budgétaire primaire (hors intérêts de la dette) de 4,5 % du PIB. Un objectif qui condamne le pays à une cure d'austérité budgétaire jusqu'en 2019, au minimum.
«A bout de patience»
Cependant, si la zone euro souhaite un compromis, ce n'est pas avant d'avoir conclu le «programme» en cours qui arrive à échéance fin février : or, celui-ci prévoit justement de nouvelles coupes en échange du versement d'une aide de 7 milliards d'euros, argent dont a besoin la Grèce pour faire face à ses échéances. Varoufakis était prêt à accepter d'entrer dans cette discussion, conscient que certains de ses partenaires n'ont pas de marge de manœuvre à brève échéance, toute modification du programme grec impliquant un vote de leur Parlement.
Mais, vers minuit, mercredi soir, Alexis Tsipras s'est opposé aux velléités de compromis de son ministre des Finances, faisant échouer l'Eurogroupe. D'un point de vue de politique intérieur, un accord trop rapide aurait été perçu comme une reddition… Alexander Stubb, le Premier ministre finlandais, qui affronte des élections générales en avril, n'a guère apprécié : «Nous commençons à être à bout de patience avec la Grèce», a-t-il déclaré en arrivant au sommet européen. Le pays «doit tenir ses engagements. Tout écart serait une forme d'injustice pour des pays comme l'Irlande, l'Espagne ou le Portugal». La Grèce sait, en tout état de cause, qu'elle n'a guère le choix, en dépit de ses appels du pied à la Russie et à la Chine pour qu'elles lui viennent en aide, appels qui sont, dans le passé, restés sans effet.