Je suis leur patron, donc je les suis… Pierre Gattaz commençait laborieusement à comprendre que le Medef qu’il préside a en face de lui l’un des gouvernements les plus accommodants avec l’entreprise qu’on ait connu dans l’histoire de la gauche. Dans ces conditions, il était de bonne politique de trouver avec l’équipe Valls des compromis susceptibles de concilier l’intérêt des salariés et celui des entreprises. Ce qui supposait un échange de concessions, hors duquel il n’y a pas de «dialogue social». Las ! Une fraction du patronat, portant le dogme libéral comme un ostensoir, sensible aux injonctions de Nicolas Sarkozy, a décidé de faire passer la politique avant le social. Horrifiés à l’idée de laisser le gouvernement marquer un point, ces agents de l’UMP ont pressé le Medef de jouer la politique du pire et de refuser tout arrangement avec les socialistes, serait-il raisonnable et favorable à la santé de l’économie ou à l’emploi. Gattaz, le ravi de la crèche patronale, s’est aligné. Certes, la moitié des salariés de France sont concernés par les accords sociaux passés en contrepartie des allégements de charge contenus dans le «pacte de responsabilité», ce qui commence à justifier la démarche. Mais ce verre à moitié vide donne une exécrable image du Medef. Quant aux autres négociations, il va falloir recourir à la loi pour les débloquer. On pouvait rêver d’une modernisation des relations sociales en France. On retourne en arrière et c’est l’Etat qui avance en première ligne. Voilà le résultat des préjugés libéraux.
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