C'est une solution radicale, mais qu'il voudrait «amicale». L'ancien président de la République (1974-1981) Valéry Giscard d'Estaing estime que la Grèce devrait «sortir de l'euro». Dans un entretien au quotidien économique les Echos, il estime que l'économie grecque ne peut «repartir et prospérer avec une monnaie aussi forte que l'euro». Qualifiant «d'erreur évidente» l'entrée de la Grèce dans la zone euro en 2001 et rappelant qu'il y était opposé, VGE estime que «la Grèce ne peut régler ses problèmes aujourd'hui que si elle retrouve une monnaie dévaluable. Il faut donc envisager ce scénario très calmement, à froid, dans l'intérêt de la Grèce elle-même. Il est absurde de dire qu'il s'agirait d'un échec de l'Europe».
«La Grèce a toute sa place dans l'Union européenne, poursuit Giscard d'Estaing. En quittant l'usage de l'euro, elle ne ferait que rejoindre des pays comme le Royaume-Uni, la Suède, la République tchèque… qui ne l'ont pas adopté. Mieux : cette sortie lui permettrait de préparer un éventuel retour, plus tard.» Alors qu'on lui demande pourquoi l'hypothèse d'une sortie d'Athènes de la zone euro n'est pas mise sur la table, VGE répond : «Peut-être par manque de compétence en matière monétaire, ou en raison de la pression des milieux spéculatifs.»
L'ex-chef de l'Etat juge également qu'un tel processus «peut et doit se dérouler de manière non conflictuelle, dans l'intérêt mutuel de chacun», ce qu'il qualifie de «friendly exit», de «sortie dans un esprit amical». Le nouveau gouvernement grec anti-austérité d'Aléxis Tsípras s'est fait élire sur un programme «irréalisable avec une monnaie forte», selon lui. «La production de la Grèce ne peut redevenir compétitive avec le niveau actuel de l'euro. Par conséquent, elle n'est pas en mesure d'appliquer son programme économique, notamment la hausse du salaire minimum et l'extension des avantages sociaux.»