C’est ce lundi que le gouvernement grec d’Aléxis Tsípras doit présenter sa liste de réformes, après l’accord passé entre Athènes et ses partenaires européens lors du conseil de l’Eurogroupe de vendredi. Des mesures qui devront être avalisées par la zone euro mardi, pour que la Grèce puisse percevoir les derniers 7 milliards prévus par le plan d’aide. Entre autres réformes attendues : un programme de lutte contre l’évasion fiscale, la bureaucratie et les cartels, ainsi que des privatisations désormais jugées acceptables.
Pour faire passer la pilule auprès de son électorat, quelques mesures sociales devraient figurer sur la liste. «Parmi les réformes qui seront présentées lundi, certaines seront non négociables», car elles touchent «à la souveraineté nationale», a prévenu, dimanche à la télé grecque, Níkos Pappás, ministre d'Etat et bras droit de Tsípras. Il a par ailleurs rappelé qu'un accord sur l'embauche de 15 000 nouveaux fonctionnaires avait été passé par le gouvernement Samarás avec les bailleurs de fonds d'Athènes. De quoi permettre à Syriza de mettre en action une partie de ses promesses électorales, réaffirmées à plusieurs reprises.
Référendum. Pas sûr que cela suffise. Car c'est à un vrai début de fronde qu'est désormais confronté le parti, qui pourrait remettre en question la stabilité du gouvernement.
Manólis Glézos, figure emblématique de Syriza et héros national pour avoir enlevé le drapeau nazi de l'Acropole pendant l'occupation, a fait parler la foudre dimanche. Dans un communiqué posté sur le site de sa mouvance au sein du parti, le doyen du Parlement européen a rappelé à qui veut l'entendre le programme de Syriza avant les élections. Dont l'annulation pure et simple des politiques d'austérité et des lois imposées en échange des plans d'aide. S'excusant auprès du peuple grec car «il a soutenu l'illusion que cela serait réellement fait», il a appelé tous les membres, militants et sympathisants de Syriza à l'insurrection contre l'accord et les concessions faites à Bruxelles vendredi. Giannis Milios, cofondateur du parti et responsable du programme économique jusqu'aux élections de janvier, a immédiatement posté le communiqué de Glézos sur son propre site.
Selon des médias grecs, plusieurs voix à l'intérieur du bureau politique de Syriza réclameraient même un «recours au peuple», c'est-à-dire un référendum, si cet accord interdisait de fait au parti de mettre en œuvre son programme. Des attaques à prendre au sérieux : l'aile gauche de Syriza, qui représente environ 30% du parti, est indispensable à l'exécutif pour conserver sa majorité parlementaire.
Extension. Ces prises de position font suite à l'accord passé vendredi. Présenté par le Premier ministre grec comme une victoire, il maintient la tutelle de la troïka (BCE, FMI et UE) sur la Grèce, même si celle-ci ne porte désormais plus ce nom. L'accord prévoit également une extension de quatre mois de l'aide financière perçue par Athènes si les reformes présentées ce lundi reçoivent l'aval des bailleurs de fonds. Des réformes qui devront être affinées et négociées dans les détails avec les membres de l'Eurogroupe d'ici fin juin, avant que commencent les discussions sur la suite.
Lestée d’une dette colossale de 320 milliards représentant 175% du PIB, et plombée par un déficit budgétaire estimé à 5 milliards d’euros pour 2015, la Grèce aura en effet besoin d’une aide, même après la fin du programme actuel. Entre la crise politique qui couve et la fermeté européenne, le pays est loin d’être tiré d’affaire.