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Libération

SwissLeaks : le directeur général de HSBC avait plusieurs millions de dollars en Suisse

Le Guardian révèle que Stuart Gulliver, domicilié à Hong Kong pour raisons fiscales, aurait détenu près de 7 millions d'euros en 2007 sur un compte en Suisse.
Stuart Gulliver, le patron de HSBC, lors d'une conférence de presse à Hongkong en 2011. (Photo Mike Clarke. AFP)
par AFP
publié le 23 février 2015 à 7h43
(mis à jour le 23 février 2015 à 12h08)

Le directeur général de la banque HSBC, Stuart Gulliver, qui s'est engagé à réformer cet établissement éclaboussé par le scandale SwissLeaks, détenait des millions de dollars sur un compte en Suisse, a affirmé dimanche le Guardian.

Cette révélation est la dernière en date dans le scandale de fraude fiscale et de blanchiment d'argent «SwissLeaks» qui a plombé la réputation du géant de la banque britannique HSBC et provoqué une tempête politique à la veille des élections générales de mai prochain en Grande-Bretagne. Selon le quotidien britannique, le directeur général de HSBC était client de la filiale suisse de la banque, accusée d'avoir aidé de riches clients à frauder le fisc.

Stuart Gulliver aurait ainsi détenu environ 7,6 millions de dollars (6,7 millions d'euros) en 2007 sur un compte au nom de Worcester Equities Inc., une société enregistrée au Panama, selon l'article du Guardian. Le directeur général de HSBC, basé en Grande-Bretagne mais domicilié à Hong Kong pour des raisons juridiques et fiscales, était enregistré comme propriétaire et bénéficiaire du compte, précise le Guardian.

L’article du journal a été publié la veille de la présentation par Gulliver du bilan annuel de HSBC, qui devrait être assombrie par le scandale sur lequel enquêtent les autorités britanniques de surveillance bancaire et la justice helvétique. HSBC, sollicitée pour commenter les affirmations du Guardian, n’a pas réagi immédiatement.

Un porte-parole de Stuart Gulliver a affirmé au Guardian que le directeur général de HSBC s'était servi d'un compte en Suisse pour y détenir des bonus financiers antérieurs à 2003, date à laquelle il a déménagé de Hong Kong à Londres. «Monsieur Gulliver détient un compte en Suisse», a confirmé HSBC dans un communiqué. «Il l'a ouvert en 1998 lorsqu'il vivait et travaillait à Hong Kong», pour recevoir ses primes, et celles-ci étaient dûment taxées à Hong Kong, a-t-elle précisé. Ce compte a été ouvert «au nom d'une société panaméenne pour des raisons de confidentialité et cela n'avait aucun autre but et n'a permis aucun avantage fiscal ou de toute autre nature», a assuré la banque.  En outre, Gulliver a ajouté que depuis qu'il était retourné travailler au Royaume-Uni en 2003, il était imposé par le fisc britannique sur l'ensemble de ses revenus mondiaux, y compris ce compte. «Je paye des impôts britanniques sur l'ensemble de mes revenus mondiaux (...). Et je ne pense pas avoir affecté en aucune manière ma capacité» à diriger le groupe, a-t-il assuré.

Gulliver a par ailleurs a souligné que, contrairement à son prédécesseur Stephen Green qui avait installé son quartier général à Hong Kong, il avait choisi de le réinstaller à Londres lors de son accession à la direction générale du groupe. Il a mis en exergue le fait que s'il était retourné travailler dans le territoire chinois, il payerait des impôts nettement moins élevés qu'au Royaume-Uni. Le patron de HSBC a reçu le ferme soutien du président du groupe, Douglas Flint. «Stuart n'a rien fait qui ne soit pas transparent, légal et approprié», a assuré ce dernier.

Les journaux britanniques avaient publié la semaine dernière en pleine page une lettre d'excuses de Stuart Gulliver pour le comportement de la filiale suisse de HSBC. Dans sa lettre, Gulliver déclarait que la branche suisse de HSBC avait été «complètement restructurée» depuis 2007, après qu'un informaticien français travaillant pour cette filiale, Hervé Falciani, eut dérobé et transmis aux autorités françaises des listes de clients de la banque possédant un compte en Suisse.